Quelles activités d’Imerys contribuent à la transition écologique, et comment réduisez- vous leur empreinte ?

Le groupe Imerys fournit des minéraux pour l’industrie avec trois domaines d’expertise :

  • les minéraux de spécialités : ils peuvent être utilisés pour des usages extrêmement divers tels que le kaolin pour la céramique, la diatomite pour la filtration ou encore la perlite pour remplacer les microbilles de plastique en cosmétique ;
  • les minéraux résistant à des conditions extrêmes : réfractaires, abrasifs, mortiers de construction ;
  • les minéraux indispensables à la transition énergétique : le graphite et le noir de carbone utilisés dans certaines batteries Li-ion ou le quartz de haute pureté pour le photovoltaïque et les semi-conducteurs. Imerys développe également deux projets d’exploitation de lithium pour les batteries de véhicules électriques, en France dans l’Allier et dans le sud de la Grande-Bretagne. Ces projets permettraient d’équiper 1,2 million de voitures électriques par an.

En 2023, le groupe Imerys a réalisé un chiffre d’affaires de 3,8 milliards d’euros, réalisé pour 47 % en Europe, 33 % aux États-Unis et 20 % en Asie. L’activité du groupe s’appuie sur 86 sites d’extraction parmi nos 179 sites industriels.

Nous répondons aux exigences réglementaires locales de chaque pays où nous sommes implantés. Afin d’harmoniser les différentes obligations entre nos sites, nous avons des politiques internes ambitieuses pour réduire nos impacts environnementaux. Elles portent notamment sur nos émissions, sur la gestion de la ressource en eau, sur la biodiversité et la réhabilitation des sites. Avant même son ouverture, chaque site fait l’objet d’une étude d’impact environnemental qui a pour objectif d’éviter, réduire et compenser nos impacts. La préservation de la biodiversité est au cœur de notre stratégie. Nous avons, par exemple, un partenariat scientifique depuis 2018 avec le Muséum national d’Histoire naturelle en France afin d’appuyer notre programme de préservation de la biodiversité.

Pour réduire nos émissions de gaz à effet de serre, nous actionnons plusieurs leviers complémentaires : améliorer notre efficacité énergétique, utiliser de la biomasse comme combustible, électrifier nos procédés, acheter de l’électricité d’origine renouvelable ; à court terme, notre plus gros défi est de convertir à l’électricité ou à la biomasse les fours et les sécheurs que nous utilisons dans nos procédés de fabrication. À moyen terme, nous envisageons un recours aux technologies de capture et stockage du CO2 après 2030 sur quelques applications, mais nous sommes encore prudents quant à la faisabilité technique et économique de ces innovations technologiques.

Bien sûr, ces programmes environnementaux nécessitent des investissements conséquents. La transition écologique a un coût. Tout comme nos clients, nous sommes convaincus qu’il n’y a pas de produit durable sans entreprise responsable.

Est-il encore possible d’ouvrir une mine en France ?

Nous en sommes convaincus ! EMILI, notre projet de mine de lithium à Beauvoir en Auvergne, vient d’ailleurs d’être reconnu comme « projet d’intérêt national majeur ». Ce projet d’exploitation d’un gisement très riche situé sous une carrière existante de kaolin répond à de hauts standards environnementaux :

  • extraction et broyage 100 % en souterrain (ni poussière, ni bruit, moins d’impact sur la biodiversité…) ;
  • puis transport par canalisation vers une station de chargement avant d’emprunter le rail vers l’usine de concentration située à Montluçon ;
  • les co-produits seront valorisés. Le lithium produit à Beauvoir servira les filières françaises et européennes.

Le projet est bien reçu car tous les acteurs sont conscients des enjeux de transition écologique et de souveraineté ; les riverains ont aussi pu constater dans la durée notre capacité à opérer la carrière existante de manière responsable. Nous répondons aux questions soulevées, participons activement au dispositif de débat public géré par la Commission Nationale du Débat Public, dispositif unique à la France et très exigeant, avec un dossier très détaillé et des débats hebdomadaires sur tous les aspects du projet.

Nous avons l’impression, à travers ces débats, que le public comprend que les minéraux sont essentiels pour la transition et que la perception de la mine change. L’importance de la réglementation, des standards tels que IRMA (Initiative for Responsible Mining Assurance), des contrôles et la transparence aident à ce changement d’image.

Comment accroître la circularité de vos activités ? Avez-vous la capacité de récupérer des minéraux en dehors de mines ?

La circularité des minéraux est un sujet complexe et systémique. Nous l’étudions depuis plusieurs années afin d’identifier les options techniquement et économiquement pertinentes. Trois pistes semblent aujourd’hui viables :

  1. Valoriser les stériles et résidus miniers : il y a un intérêt chez certains de nos clients et nous étudions avec eux comment adapter leurs cahiers des charges pour intégrer des minéraux non utilisés aujourd’hui. Nous proposons déjà plusieurs gammes de produits qui suivent ces principes, comme les carbonates de calcium Remined aux États-Unis ;
  2. Introduire des déchets recyclés pour compléter nos minéraux vierges : pour beaucoup de nos produits, l’usage ne modifie pas leurs propriétés. En revanche, aujourd’hui, le coût de la récupération et du recyclage reste encore élevé. Une incitation réglementaire comme, par exemple, une obligation d’incorporation de matériaux recyclés pourrait contribuer à développer cet Le Critical Raw Materials Act, qui prévoit 10 % de matériaux locaux et 25 % de matériaux recyclés, va dans ce sens ;
  3. Faire en sorte que nos produits augmentent la durée de vie des produits des clients : c’est le cas notamment de nos mortiers de spécialités, qui permettent par exemple de doubler la durée de vie d’un réseau d’assainissement.

Certains investissements récents d’Imerys, comme celui dans une structure commune avec la start-up Seitiss, vont dans ce sens afin d’offrir un plus large éventail de solutions circulaires à nos clients.

Source : La Lettre d’EpE – n° 73 – juillet 2024